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BREVES DE COMPTOIR et LES AFFAIRES, TOUJOURS

 
 
 
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) - dépôt d'enregistrement 
 
 
 
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) - dépôt d'enregistrement 
 
 
Titre : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO 
Dans 
 
"Brèves de Comptoir" 
19-ième Episode 
 
Personnages : 
Augustin (mari de Mamouzelle) 
Maître jacques 
Mamouzelle (femme d'Augustin) 
Mademoiselle Lucie de Modestie 
Le Comte De la Bouche-En-Biais 
Monsieur Gérard 
Le Grand'Claude 
 
Lieux : A l'Auberge de la Licorne, située à l'écart du village de Maison Du Bois Doré, dans le Midi de la France) 
GENRE : Comédie 
 
 
EPISODE 19 : « BREVES DE COMPTOIR » (1997) 
Première partie de la pièce du même titre « Brèves de Comptoir » (7 pers)  
 
AUTEUR: Emilien Casali 
 
PROTECTION SACD  
 
 
Contact : Emilien CASALI– (France) 
e-mail casali-emilien1@orange.fr 
 
http://emiliencasali.populus.ch/ 
http://biblioscolaire.populus.ch/ 
http://compballadins.populus.ch/ 
 
 
PROLOGUE 
 
 
Mamouzelle, Lucie de Modestie 
 
Nous nous trouvons à l'Auberge de la Licorne, située quelque part dans le Midi de la France. 
 
En matinée… 
 
Mademoiselle Lucie entre, suivie de Mamouzelle la tenancière de l'Auberge de la Licorne. 
 
MAMOUZELLE 
Que s'est-il passé, Mademoiselle Lucie,  
pourquoi pleurez-vous ainsi ? 
 
LUCIE 
Cette fois-ci, s'en est trop, Mamouzelle ! Je  
n'en peux plus ! 
 
MAMOUZELLE 
Votre fiancé n'est toujours pas rentré de son  
voyage d'affaires ?  
 
LUCIE 
Et pas le moindre coups de fil de sa part, non  
plus ! Mon père est d'ailleurs au courant. 
 
MAMOUZELLE 
Il doit être furieux ! ? 
 
 
LUCIE 
Quand je pense que j'ai accepté pour fiancé un  
fantôme. 
 
MAMOUZELLE 
Vous auriez mieux fait de réfléchir avant de vous engager. Enfin ! Ce qui est fait est fait ! Allons, séchez vos larmes ; vous n'êtes plus  
une petite fille. 
 
LUCIE 
J'ai eu beau lui crier dessus, l’autre fois, il n'a  
rien voulu entendre. 
 
MAMOUZELLE 
C’est qu’il vous faut employer la manière forte,  
Lucie !  
 
LUCIE 
Que me suggérez-vous ? 
 
MAMOUZELLE 
Voilà… Tout d’abord, lorsque votre fiancé réapparaîtra dans votre vie, vous le fixerez  
dans les yeux. 
 
LUCIE 
Je le connais bien, il ne tiendra pas en place. 
 
MAMOUZELLE 
Dans ce cas, prenez-le par le col et immobilisez-le contre le mur ; après quoi, vous  
lui ferez connaître vos nouvelles intentions. 
 
LUCIE 
Comment cela, mes nouvelles intentions ? 
 
MAMOUZELLE 
Eh bien oui... vous ne pouvez supporter d'avantages cette situation récurrente, alors  
vous avez décidé de briser la glace. 
 
LUCIE 
Je n'arriverai jamais à le convaincre. 
 
MAMOUZELLE 
Vous lui direz que sa conduite déplait à votre 
Père, que celui-ci souhaiterait voir son futur  
gendre plus souvent auprès de sa fille. 
 
LUCIE 
Il est si susceptible. 
 
MAMOUZELLE 
Craignez-vous qu'il se mette en colère ? 
 
LUCIE 
J'ai trop peur de le perdre. 
 
MAMOUZELLE 
Votre honneur est en jeu, Lucie. Vous devez  
l'affronter ! 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
 
 
----------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 1 
Mamouzelle / Lucie de Modestie /  
Le Comte De la Bouche-En-Biais 
 
LE COMTE, entre 
Me voici, ma douce et tendre hirondelle ! Comment allez-vous ? J’espère que le temps ne vous parut point long en mon absence ! ? Que se passe-t-il ? Pourquoi me tournez-vous  
le dos ainsi ? 
 
Mamouzelle quitte les lieux 
 
LUCIE  
Si je me retourne, accepterez-vous de me regarder dans les yeux ?  
 
LE COMTE 
J'en crève d'envie, mon petit canard ! 
LUCIE 
Me promettez-vous de m'écouter ensuite ? 
LE COMTE 
Me voilà tout ouïe, mon petit canard ! 
LUCIE 
Eh bien, voilà, Christophe Rodolphe Charles Henri, j'ai décidé de briser la glace entre nous.  
 
LE COMTE 
Cela tombe bien, moi aussi. 
LUCIE 
Je crois bien que nous sommes sur la même longueur d'onde. Il en va de notre relation. 
 
LE COMTE 
Mes affaires ont trop pris le dessus ; c'est pourquoi je tiens à y remédier. Dites-moi, très chère, depuis combien de temps sommes-nous fiancés l'un à l'autre ? 
 
LUCIE 
Depuis combien de temps suis-je fiancée à monsieur le fantôme ?  
 
LE COMTE 
Je vous demande pardon ? 
 
LUCIE 
Je vous signale, très cher que depuis la date de nos fiançailles qui remontent à l’hiver dernier, je n'ai eu droit qu'à dix visites tout au plus de votre part, et que nous n'avons pas échangé plus de trois mots. 
 
LE COMTE 
Voyez-vous, je fus très occupé. 
 
LUCIE 
Les affaires, toujours les affaires ! 
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
 
----------- 
 
ACTE 1 / SCENE 2 
 
Lucie de Modestie,  
Le Comte De la Bouche-En-Biais 
 
LE COMTE 
Il faut bien entretenir le patrimoine. 
 
LUCIE 
Et moi, dans cette histoire… ? 
 
LE COMTE 
Vous occupez une place considérable dans mon coeur.  
 
LUCIE 
Alors comment se fait-il que je n’ai pas reçu un seul coup de fil ?  
 
LE COMTE 
Voyons, je n'ai d'yeux que pour vous, ma belle hirondelle !  
 
LUCIE 
Parlons-en de la belle hirondelle ! Quand je pense que celle-ci doit attendre sagement dans son donjon l'arrivée de son prince charmant, parti en campagne je ne sais où, pour y faire le coq ! 
 
 
LE COMTE 
Je comprends parfaitement votre angoisse, mon petit oiseau, c'est pourquoi je vous prie d'accepter mes excuses. 
 
LUCIE 
C'est la dixième fois que vous vous excusez, mon cher. 
 
LE COMTE, à genou 
Je vous jure qu'à l'avenir je serai un  
bon fiancé !  
 
LUCIE 
Dois-je encore vous croire ? 
 
LE COMTE 
Comment en douter ? 
 
LUCIE 
Et dire que je suis sensée vous épouser dans quelques mois.  
 
LE COMTE 
C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai pris les mesures nécessaires pour parfaire au bon déroulement de notre union. Pour me faire pardonner de vous, j'ai convoqué mon notaire, aujourd'hui même, car, sachez ma Lucie que je ne prends guère notre relation à la légère. J'ai décidé de faire de vous ma « Légataire Universelle ». 
 
LUCIE 
Comment cela, votre « Légataire  
Universelle » ? 
 
LE COMTE 
Vous voulez une preuve de confiance, n'est-ce pas ? Je crois qu'il est grand temps pour nous de sceller notre engagement devant notaire, ce qui comblera de joie votre père lorsqu'il l'apprendra, puisqu’il s'agit-là d'un gage d'Amour ! Par ailleurs, je n'ai nullement l'intention de vous laisser dans le besoin. 
 
LUCIE 
A quoi songez-vous ? 
 
LE COMTE 
Vous savez... l'homme n'est plus sûr de rien de nos jours ... un accident peut arriver si vite, voyez-vous... Mais enfin, passons aux choses concrètes à présent ! (Il frappe dans ses mains) Maître Jacques ! Maître Jacques ! Vous pouvez nous rejoindre ! 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
 
---------- 
 
ACTE 1 / SCENE 3 
 
Lucie de Modestie, Maître Jacques 
Le Comte De la Bouche-En-Biais 
 
MAÎTRE JACQUES, entre 
Bonjour Mademoiselle Lucie de Modestie ! 
 
LE COMTE, s'adresse à Lucie 
Voici Maître Jacques, ma bien-aimée ! 
 
LUCIE 
Enchantée ! 
 
MAÎTRE JACQUES, lui fait le baisemain 
Vous êtes le portrait craché de votre père, mademoiselle. 
 
LE COMTE 
Abrégez, Maître Jacques, abrégez ! 
 
MAÎTRE JACQUES 
Eh bien, voici, Mademoiselle Lucie de Modestie, une attestation solennelle écrite des mains par votre futur conjoint : 
(Il lit à haute voix)  
« Moi , Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-en-Biais, Comte de Maison-du-Bois Doré, déclare sur l'honneur, m'engager durant la période des fiançailles me liant avec Mademoiselle Lucie de Modestie, et ce, jusqu'à la date de nos noces, mais aussi, jusqu'à ce que mort s'en suive, à m'efforcer d'être un bon compagnon pour elle… de l'honorer comme il se doit, de lui promettre fidélité et assistance jusqu'à la fin de ses jours , et d'être présent à ses coté, jour après jour. Dans le cas contraire, s'il s'avérait que je ne puisse remplir, pour une raison quelconque cet engagement, je me verrais alors condamné à une sanction portant sur mon patrimoine qui se verra amputer des biens suivants et de façon progressive. »  
« Fait pour valoir ce que de droit », « Lu et Approuvé » et Signé : C.R.C.H.R.C.B de la Bouche-en-Bié, Comte de Maison-Du-Bois Doré .  
 
LE COMTE 
N'est-ce pas une belle preuve d'amour, ma belle hirondelle ?  
 
LUCIE 
Il doit sans doute y avoir un prix à payer pour cela ? 
 
LE COMTE 
Que voulez-vous, dans la vie, tout se mérite ! Je suis certain que votre père m'approuverait. Moi, voyez-vous, j'aime les plats épicés ! 
 
FIN DE LA SCENE 3 
ACTE 1 / SCENE 4 
 
Lucie de Modestie, Maître Jacques 
Le Comte De la Bouche-En-Biais 
 
LUCIE 
Je m'en serai douté. 
 
LE COMTE 
Comme disait Rodrigue dans le « Cid » de Corneille : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! » 
 
MAÎTRE JACQUES 
Puis-je poursuivre, monsieur le Comte ? 
 
LE COMTE 
Si nous passions à l'inventaire des lots qui vous sont proposés, ma Lucie adorée ? ! Quand dites-vous ? 
 
LUCIE 
De quoi s'agit-il ? 
 
LE COMTE 
Je vais enterrer ma vie de garçon rien que pour vous, ma belle hirondelle ! La parole est à Maître Jacques ! 
 
 
MAÎTRE JACQUES 
Voici un Acte de Pénalités que j'ai rédigé moi-même, Mademoiselle Lucie, dans lequel se trouve la liste des biens patrimoniaux de Monsieur le Comte ; ceux-ci vous seront légués suivant les accords précédemment cités. 
 
LE COMTE 
Me permettez-vous de les énoncer moi-même, Maître ? 
 
MAÎTRE JACQUES 
Je regrette infiniment, monsieur le Comte, mais je suis le seul habilité par la loi à le faire. 
 
LE COMTE 
Ne suis-je pas un peu comme la loi ? Et puis, d'abord, il S'agit là de mon patrimoine.  
 
Le comte lui prend l'acte des mains et le lit à haute voix 
 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 5 
 
Lucie de Modestie, Maître Jacques 
Le Comte De la Bouche-En-Biais 
 
LE COMTE  
« Conformément aux accords précités, moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, par la présente, m'engage sur l'honneur et de façon irrévocable à dédommager ma fiancée par un transfert de propriété immédiat des biens suivants… (Puis à voix haute)-Passé un délai de 3 jours, moi, Christophe-Rodolphe-Charles-Henri-RenéChristîan-Bernard de la Bouche en Biais, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie, ma Chevrolet rose bonbon… 
 
LE COMTE, toujours 
Passé un délai de 4 jours, moi, Christophe-Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, m'engage à léguer à ma fiancée, mon Yacht « La belle hirondelle » , stationné actuellement sur le port de St Tropez... 
 
-Passé un délai de 5 jours, moi, Christophe Rodolphe Charles Henrî René Christian Bernard de la Bouche en Biais, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie, mon Duplex à Palavas les flots avec vue sur la mer...  
Lucie s'évanouit à ce moment là 
 
MAÎTRE JACQUES 
Monsieur le Comte ! 
 
LE COMTE 
Je vous en prie, Maître, ne m'interrompez pas ; j'ai encore 26 lots à citer, n’est-ce pas ? 
(Il poursuit)  
 
-Passé un délai de 6 jours, moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie, ma commode dite Mazarine faite d'écaille et de cuivre, datant du XVIIième siècle... 
 
MAÎTRE JACQUES 
Il s'agit de votre fiancée, monsieur Le Comte, qui... 
 
LE COMTE 
Quelque chose vous déplaît-il, ma belle hirondelle ? Nom d'une pipe, elle a eu une syncope ! Vite, Maître Jacques transportons-là au château !  
 
Tous deux quittent les lieux, en transportant Lucie avec eux 
 
Fin de la scène 5  
 
 
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ACTE 1 / SCENE 6 
 
Monsieur Gérard / Grand'Claude / Mamouzelle / Augustin 
 
Quelques temps plus tard... Toujours à l'Auberge de la Licorne... 
 
MONSIEUR GERARD, fait son entrée, canne en main, suivi de Grand'Claude 
Nous voici arrivé à l'Auberge de la Licorne, jeune homme ; c'est ici que vous trouverez le gîte et le couvert. 
 
GRAND’CLAUDE 
Cet endroit est bien silencieux. (Il aperçoit la cheminée) Quelle magnifique cheminée ! Dis donc, on ne se refuse rien ici ! 
 
MONSIEUR GERARD 
Le couple qui l'habite apprécie tout particulièrement le calme et la sérénité. C'est bien pour ces raisons qu'ils ont choisi de se tenir à l'écart du village de Maison-Du-Bois Doré. 
 
GRAND’CLAUDE 
Ca m'a tout l'air d'être des Marginaux. 
 
 
MONSIEUR GERARD 
Augustin, certainement ! C'est un homme qui aime, par ailleurs : «Prendre le temps de vivre, de penser et d'aimer la vie ! » C'est sa plus belle devise, m'a-t-on dit dans le voisinage ! Quand à Mamouzelle, sa femme, je dirais que c'est une personne plutôt discrète qui déteste par dessus tout être dérangé. En somme, malgré leur sympathie respective, ils sont très réticents à l'égard du stress et de la consommation matérielle des grandes cités. Cependant, ils avouent être libres sexuellement. 
 
GRAND’CLAUDE, se place derrière le bar)-Tout ce qu'il y a de plus normal pour un couple moderne ! (Il propose un verre de vin à monsieur Gérard) Je vous sers un petit rouge, monsieur Gérard ? 
 
MONSIEUR GERARD 
Non merci ! Je ne bois pas d'alcool. Et puis, je dois y aller, jeune homme, ma femme m'attend à la vigne. Elle va s'inquiéter. 
 
GRAND’CLAUDE 
Vous partez déjà ! 
 
MONSIEUR GERARD 
C'est à dire que ma femme et moi avons beaucoup de travail sur la planche, ce matin. 
 
GRAND’CLAUDE 
Ce vin est onctueux au Palais ! 
 
MONSIEUR GERARD 
Le "Champinelle" provient de la Propriété Viticole de monsieur le Comte de la Bouche-en-Biais. 
 
GRAND’CLAUDE 
Vous ne voulez vraiment pas y goutter ? 
 
MONSIEUR GERARD 
Servez-moi plutôt une Limonade. (Il pose sa canne contre le bar) 
 
GRAND’CLAUDE 
Je n'ai pas pensé à vous demander si l'on pouvait se servir soi-même ? 
 
MONSIEUR GERARD 
A votre place, je ne me permettrais pas. 
 
GRAND’CLAUDE 
Vous avez pourtant laissé entendre que les gens de l'auberge étaient très sympathiques. 
 
 
MONSIEUR GERARD 
C'est en tous les cas l'apparence qu'ils donnent.  
 
GRAND’CLAUDE 
Des gens sympathiques ne verraient aucun inconvénient à ce que je me serve soi-même ! (Ils se resserrent un verre) 
 
MONSIEUR GERARD 
Vous n'aurez qu'à leur dire que votre voyage fut long, et que vous n'avez pas eu le temps de boire un seul verre. 
 
GRAND’CLAUDE 
Je regrette, mon petit vieux, mais il n'y a plus de Limonade ! Je vous propose un verre de « Champinelle » à la place ? 
 
MONSIEUR GERARD 
N'insistez pas, jeune homme. 
 
GRAND’CLAUDE 
Appellez-moi Grand'Claude", Monsieur Gérard !  
 
MONSIEUR GERARD 
Il n'y a vraiment plus de Limonade ? 
 
GRAND’CLAUDE 
Il est très bon ce « Champinelle » ! 
 
MONSIEUR GERARD 
Je dois y aller ; ma femme m'attend à la vigne.  
 
GRAND’CLAUDE 
Ca ne vous dit vraiment pas un petit verre pour bien démarrer la journée ? 
 
MONSIEUR GERARD 
Vous avez bien regardé dans le casier  
d'en bas ? 
 
GRAND’CLAUDE 
Votre pinard régional ne vaut vraiment pas notre rhum des Antilles. 
 
MONSIEUR GERARD 
En parlant de rhum, cela me fait penser à un ami qui se trouvait dans le même régiment que moi durant la grande guerre; il venait de votre pays, je crois bien !? Une nuit que j'étais de garde...  
 
MONSIEUR GERARD, poursuit 
C'était en Allemagne si ma mémoire est bonne. Mon ami était en permission, cette nuit-là… 
 
MAMOUZELLE, sort de la chambre, suivie d'Augustin 
Je n'ai pas le temps de t'écouter, j'ai la vaisselle à faire. 
 
AUGUSTIN 
Deux minutes.  
 
Mamouzelle et Augustin deux disparaissent dans la cuisine 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
 
---------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 7 
 
Monsieur Gérard / Grand'Claude / Mamouzelle / Augustin 
 
MONSIEUR GERARD 
Et comme je disais donc... j'étais de garde en Allemagne cette nuit-là... C'était durant le débarquement des alliers... Ça se passait à la caserne ; j’étais en permission...  
 
MAMOUZELLE, sort de la cuisine 
Qui t'a raccompagné, cette nuit ? 
 
AUGUSTIN 
Je te l'ai déjà dit, c'est Patrick !  
 
MAMOUZELLE 
Je le connais, celui-là ? 
 
AUGUSTIN 
Tu sais bien… il m'avait déjà raccompagné l’autre nuit ! 
 
Mamouzelle et Augustin disparaissent aussitôt dans le jardin 
 
MONSIEUR GERARD 
Cet ami, donc, qui vient du même pays que vous, jeune homme, était en permission ce soir-là. De mon coté, j'étais de garde à la caserne. A cette époque, nous faisions un roulement. Tantôt, c'était lui qui était de garde, tantôt c'était moi. Ce soir-là, ce fut moi. 
 
Mamouzelle surgit du jardin, suivie d'Augustin 
 
AUGUSTIN 
Ah ! Si tu l'avais vu cette moto... un bijou de première ! 
 
Mamouzelle et Augusrentrent dans la chambre 
 
MONSIEUR GERARD 
Et donc, cet ami qui vient du même pays que vous, qui n'était pas de garde cette nuit-là... Voila très longtemps déjà ! Je m'en souviens comme si c'était hier car, je fréquentais à la même époque une jolie bergère… Je signale au passage que celle-ci allait m'écrivit pendant les huit années qui suivirent la fin de la guerre... 
 
 
 
MAMOUZELLE, sort de la chambre et va à la cuisine, suivie d'Augustin 
Voilà que mon mari s'intéresse aux motos, maintenant ! (Ils sortent) 
 
AUGUSTIN 
C'est une passion de jeunesse qui restait enfouie en moi.  
 
MONSIEUR GERARD 
Et comment que je m'en souviens de cette beauté ! Je la revois devant moi, toujours aussi sensuelle. Elle voulait que je l'épouse, mais c'était trop tard car j'étais déjà marié à ma femme la « Petite Finette ». 
 
MAMOUZELLE, sort de la cuisine 
Voilà que mon mari veut faire de la moto, à présent ! Je crois bien qu'il déraille ? ! 
 
AUGUSTIN 
Elle peut nous être utile, ma chérie ; tu sais... nous sommes tellement retirés du monde… alors, vois-tu… 
 
MAMOUZELLE 
Et combien qu'elle coûte cette moto ? 
 
AUGUSTIN 
Patrick est prêt à m'en faire un prix d'ami. Il m'a même proposé de la payer en trois mensualités. C'est dire de sa bonne fois ! 
 
MONSIEUR GERARD 
On s'est fréquenté pendant toute la durée de la guerre. Elle s'appelait... comment s'appelait-elle déjà ? 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
-------------- 
 
ACTE 1 / SCENE 8 
 
Monsieur Gérard / Grand'Claude /  
Mamouzelle / Augustin 
 
MAMOUZELLE, fait son retour du jardin, suivie d'Augustin 
Avec quel argent comptes-tu l'acheter ? Nous ne sommes pas très riche. (Mamouzelle et Augustin rentrent dans la cuisine, puis en ressortent aussitôt) Pas question de toucher aux économies destinées au bébé ! C'est le seul argent que j'ai pu mettre de coté. 
 
AUGUSTIN 
Ce n’est pas ce que j’ai laissé entendre.  
 
MAMOUZELLE 
Non, mais tu y pensais. 
 
AUGUSTIN 
Pas du tout ! 
 
MAMOUZELLE 
Et mon oeil ? 
 
AUGUSTIN 
D'ici à l'accouchement je t'aurai déjà remboursé ! 
 
MAMOUZELLE  
Pas question ! Cet argent est destiné à notre enfant. 
 
AUGUSTIN 
Voyons, ma chérie, sois compréhensive ! 
 
MAMOUZELLE 
Tu n'as que ce mot à la bouche depuis quelques mois. 
 
AUGUSTIN 
Tu ne t’imagines pas tout ce que l'on pourrait faire avec une moto ; elle pourrait nous dépanner pour aller faire les courses au Super Marché, par exemple ! ? 
 
 
MAMOUZELLE 
Elle te servirait surtout à prendre la fuite ! 
 
AUGUSTIN 
Quelle mauvaise foi ! 
 
MAMOUZELLE 
Déjà que tu passes pratiquement toutes tes nuits en virée, je ne sais où, depuis plusieurs mois ... 
 
AUGUSTIN 
Tais-toi donc ! Il y a des gens qui nous écoutent. 
 
MAMOUZELLE 
Eh bien, tant mieux ! Il est grand temps que tout le monde sache que mon cher mari délaisse sa bonne femme pour aller en virée, je ne sais où, en compagnie d'autres poivrots de son espèce !  
 
AUGUSTIN 
Je t'en prie, pas si fort ! 
 
MAMOUZELLE 
Mon poivrot de mari a décidé de s'acheter une moto, Messieurs, afin de partir en virée toujours plus loin ! Mon mari fuit ses responsabilités conjugales, messieurs ! 
 
AUGUSTIN 
Au lieu de raconter des sottises, tu ferais bien de leur servir à boire ! 
 
MAMOUZELLE 
Monsieur Augustin abandonne sa femme enceinte toutes les nuits, messieurs, pour aller se saouler ! 
 
AUGUSTIN 
Je vais la tuer ! Je vais la tuer ! 
 
MAMOUZELLE 
Comme vous pouvez en témoigner, messieurs, je suis enceinte de sept mois. Mon cher mari va tenté de me tuer dans quelques instants.  
 
Augustin entraîne Mamouzelle par le bras dans la chambre. Peu après, on entend Mamouzelle crier 
 
MAMOUZELLE 
Comme vous pouvez l'entendre, messieurs, Augustin frappe sa femme ! Ce n'est pas la peine que je vous fasse un dessin ! 
 
AUGUSTIN 
Veux-tu te taire une fois pour toute ! 
 
 
 
MAMOUZELLE 
Augustin me prend par le cou, à présent, et va tenter de m'égorger ! Aïe ! Aïe ! Maintenant, il me traîne par les cheveux jusqu'à mon lit ! Voilà qu’ il me gifle ! Aï ! Aïe ! Aïe ! 
 
Un long silence va régner ensuite 
 
 
FIN DE LA SCENE 8  
 
FIN DE L’ACTE 1 
 
 
------------------------- 
 
EPILOGUE 
 
Grand 'Claude / Monsieur Gérard / Mamouzelle. 
 
GRAND’CLAUDE 
En effet ! vos amis ont l'air très sympathiques, monsieur Gérard. Ils font toujours autant d'animation en public ? 
 
MONSIEUR GERARD 
Je ne puis vous répondre par l'affirmative, pour la bonne et simple raison que je ne fréquente que trop rarement ce type d'établissement.  
 
GRAND’CLAUDE 
Je ferais mieux d'aller chercher le gîte et le couvert ailleurs.  
MONSIEUR GERARD 
Sachez, monsieur Claude, que dans la vie tout finit par s'arranger, même mal ! 
 
GRAND’CLAUDE 
Autrement dit ? 
 
MONSIEUR GERARD 
L'orage finira bien par se dissiper. 
 
MAMOUZELLE, sort de la chambre 
C'est cela, vas te coucher, çà me fera des vacances ! (Puis elle s'adresse à nos deux convives) Messieurs, bonjour ! Veuillez m'excuser pour le désordre ! De temps à autre, il faut savoir poser les poings sur la table. 
 
MONSIEUR GERARD 
Ma femme vous aurait certainement donné raison. 
 
MAMOUZELLE 
A propos, comment va t’elle ? Je parie qu'elle est au travail à cette heure-ci ! 
 
MONSIEUR GERARD 
Elle a voulu faire cavalier seul ce matin, le temps pour moi d'accompagner jusqu'ici monsieur Claude qui est arrivé ce matin de Martinique.  
 
MAMOUZELLE, s'adresse au Grand 'Claude 
Je suis Mamouzelle, la tenancière de l'Auberge de la Licorne. 
 
GRAND’CLAUDE 
Et moi, c'est Grand 'Claude pour les intimes ! 
 
MAMOUZELLE 
Je me demande ce que vous venez faire dans ce trou perdu ?  
 
GRAND’CLAUDE 
Je suis venu déguster votre Champinelle Régional !  
 
MAMOUZELLE 
Je vois que vous n'avez pas perdu votre temps.  
 
MONSIEUR GERARD 
Monsieur Claude est venu rendre visite à monsieur Roberto, or, ce dernier est en voyage en ce moment. 
 
MAMOUZELLE 
En attendant son retour, et si toutefois il revient, je présume que monsieur Claude souhaiterait se loger à l'Auberge. 
 
 
 
MONSIEUR GERARD 
Ce jeune homme semblait très fatigué, alors je lui ai proposé de l'accompagner jusqu'ici ... 
 
GRAND’CLAUDE 
C'est à dire que j'ai passé vingt-quatre heures dans un avion...  
 
MAMOUZELLE 
Combien de temps pensez-vous rester dans notre région ? 
 
GRAND’CLAUDE 
Deux jours, seulement. 
 
MAMOUZELLE 
Dans ce cas, soyez le bienvenu ! 
 
GRAND’CLAUDE 
Je vous aiderai à faire la vaisselle et autres corvées, si cela est nécessaire. 
 
MONSIEUR GERARD 
Voilà un homme serviable, Mamouzelle !  
 
MAMOUZELLE 
En effet ! 
 
 
 
 
MONSIEUR GERARD 
Quant à moi, je vous salue bien bas, les tourtereaux ! Je vais retrouver ma femme qui doit certainement s'impatienter à l'heure qu'il est.  
 
MAMOUZELLE 
Ces jours-ci, en quoi consiste votre travail dans la vigne, monsieur Gérard ? 
 
MONSIEUR GERARD 
Cet été, nous abordons la dernière phase de travail avant la récolte des vendanges ; celle-ci consiste à soufrer et à sulfater la vigne afin d'éviter les maladies et d'écarter les insectes indésirables.  
 
MAMOUZELLE, le prend par le bras et l'entraîne vers la sortie 
Dans ce cas, dépêchez-vous, il ne faut pas faire attendre votre femme. (Monsieur Gérard sort) Maintenant, suivez-moi, Grand 'Claude, je vais vous indiquer votre chambre. 
 
FIN DE L’EPILOGUE 
 
FIN DU 19-ième épisode 
 
Affaire à suivre dans le 20-ième épisode intitulé : « EMBROUILLE A L’AUBERGE »  
 
 
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