BREVES DE COMPTOIR et LES AFFAIRES, TOUJOURS
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) - dépôt d'enregistrement
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Titre : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO
Dans
"Brèves de Comptoir"
19-ième Episode
Personnages :
Augustin (mari de Mamouzelle)
Maître jacques
Mamouzelle (femme d'Augustin)
Mademoiselle Lucie de Modestie
Le Comte De la Bouche-En-Biais
Monsieur Gérard
Le Grand'Claude
Lieux : A l'Auberge de la Licorne, située à l'écart du village de Maison Du Bois Doré, dans le Midi de la France)
GENRE : Comédie
EPISODE 19 : « BREVES DE COMPTOIR » (1997)
Première partie de la pièce du même titre « Brèves de Comptoir » (7 pers)
AUTEUR: Emilien Casali
PROTECTION SACD
Contact : Emilien CASALI– (France)
e-mail casali-emilien1@orange.fr
http://emiliencasali.populus.ch/
http://biblioscolaire.populus.ch/
http://compballadins.populus.ch/
PROLOGUE
Mamouzelle, Lucie de Modestie
Nous nous trouvons à l'Auberge de la Licorne, située quelque part dans le Midi de la France.
En matinée…
Mademoiselle Lucie entre, suivie de Mamouzelle la tenancière de l'Auberge de la Licorne.
MAMOUZELLE
Que s'est-il passé, Mademoiselle Lucie,
pourquoi pleurez-vous ainsi ?
LUCIE
Cette fois-ci, s'en est trop, Mamouzelle ! Je
n'en peux plus !
MAMOUZELLE
Votre fiancé n'est toujours pas rentré de son
voyage d'affaires ?
LUCIE
Et pas le moindre coups de fil de sa part, non
plus ! Mon père est d'ailleurs au courant.
MAMOUZELLE
Il doit être furieux ! ?
LUCIE
Quand je pense que j'ai accepté pour fiancé un
fantôme.
MAMOUZELLE
Vous auriez mieux fait de réfléchir avant de vous engager. Enfin ! Ce qui est fait est fait ! Allons, séchez vos larmes ; vous n'êtes plus
une petite fille.
LUCIE
J'ai eu beau lui crier dessus, l’autre fois, il n'a
rien voulu entendre.
MAMOUZELLE
C’est qu’il vous faut employer la manière forte,
Lucie !
LUCIE
Que me suggérez-vous ?
MAMOUZELLE
Voilà… Tout d’abord, lorsque votre fiancé réapparaîtra dans votre vie, vous le fixerez
dans les yeux.
LUCIE
Je le connais bien, il ne tiendra pas en place.
MAMOUZELLE
Dans ce cas, prenez-le par le col et immobilisez-le contre le mur ; après quoi, vous
lui ferez connaître vos nouvelles intentions.
LUCIE
Comment cela, mes nouvelles intentions ?
MAMOUZELLE
Eh bien oui... vous ne pouvez supporter d'avantages cette situation récurrente, alors
vous avez décidé de briser la glace.
LUCIE
Je n'arriverai jamais à le convaincre.
MAMOUZELLE
Vous lui direz que sa conduite déplait à votre
Père, que celui-ci souhaiterait voir son futur
gendre plus souvent auprès de sa fille.
LUCIE
Il est si susceptible.
MAMOUZELLE
Craignez-vous qu'il se mette en colère ?
LUCIE
J'ai trop peur de le perdre.
MAMOUZELLE
Votre honneur est en jeu, Lucie. Vous devez
l'affronter !
FIN DU PROLOGUE
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ACTE 1 / SCENE 1
Mamouzelle / Lucie de Modestie /
Le Comte De la Bouche-En-Biais
LE COMTE, entre
Me voici, ma douce et tendre hirondelle ! Comment allez-vous ? J’espère que le temps ne vous parut point long en mon absence ! ? Que se passe-t-il ? Pourquoi me tournez-vous
le dos ainsi ?
Mamouzelle quitte les lieux
LUCIE
Si je me retourne, accepterez-vous de me regarder dans les yeux ?
LE COMTE
J'en crève d'envie, mon petit canard !
LUCIE
Me promettez-vous de m'écouter ensuite ?
LE COMTE
Me voilà tout ouïe, mon petit canard !
LUCIE
Eh bien, voilà, Christophe Rodolphe Charles Henri, j'ai décidé de briser la glace entre nous.
LE COMTE
Cela tombe bien, moi aussi.
LUCIE
Je crois bien que nous sommes sur la même longueur d'onde. Il en va de notre relation.
LE COMTE
Mes affaires ont trop pris le dessus ; c'est pourquoi je tiens à y remédier. Dites-moi, très chère, depuis combien de temps sommes-nous fiancés l'un à l'autre ?
LUCIE
Depuis combien de temps suis-je fiancée à monsieur le fantôme ?
LE COMTE
Je vous demande pardon ?
LUCIE
Je vous signale, très cher que depuis la date de nos fiançailles qui remontent à l’hiver dernier, je n'ai eu droit qu'à dix visites tout au plus de votre part, et que nous n'avons pas échangé plus de trois mots.
LE COMTE
Voyez-vous, je fus très occupé.
LUCIE
Les affaires, toujours les affaires !
FIN DE LA SCENE 1
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ACTE 1 / SCENE 2
Lucie de Modestie,
Le Comte De la Bouche-En-Biais
LE COMTE
Il faut bien entretenir le patrimoine.
LUCIE
Et moi, dans cette histoire… ?
LE COMTE
Vous occupez une place considérable dans mon coeur.
LUCIE
Alors comment se fait-il que je n’ai pas reçu un seul coup de fil ?
LE COMTE
Voyons, je n'ai d'yeux que pour vous, ma belle hirondelle !
LUCIE
Parlons-en de la belle hirondelle ! Quand je pense que celle-ci doit attendre sagement dans son donjon l'arrivée de son prince charmant, parti en campagne je ne sais où, pour y faire le coq !
LE COMTE
Je comprends parfaitement votre angoisse, mon petit oiseau, c'est pourquoi je vous prie d'accepter mes excuses.
LUCIE
C'est la dixième fois que vous vous excusez, mon cher.
LE COMTE, à genou
Je vous jure qu'à l'avenir je serai un
bon fiancé !
LUCIE
Dois-je encore vous croire ?
LE COMTE
Comment en douter ?
LUCIE
Et dire que je suis sensée vous épouser dans quelques mois.
LE COMTE
C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai pris les mesures nécessaires pour parfaire au bon déroulement de notre union. Pour me faire pardonner de vous, j'ai convoqué mon notaire, aujourd'hui même, car, sachez ma Lucie que je ne prends guère notre relation à la légère. J'ai décidé de faire de vous ma « Légataire Universelle ».
LUCIE
Comment cela, votre « Légataire
Universelle » ?
LE COMTE
Vous voulez une preuve de confiance, n'est-ce pas ? Je crois qu'il est grand temps pour nous de sceller notre engagement devant notaire, ce qui comblera de joie votre père lorsqu'il l'apprendra, puisqu’il s'agit-là d'un gage d'Amour ! Par ailleurs, je n'ai nullement l'intention de vous laisser dans le besoin.
LUCIE
A quoi songez-vous ?
LE COMTE
Vous savez... l'homme n'est plus sûr de rien de nos jours ... un accident peut arriver si vite, voyez-vous... Mais enfin, passons aux choses concrètes à présent ! (Il frappe dans ses mains) Maître Jacques ! Maître Jacques ! Vous pouvez nous rejoindre !
FIN DE LA SCENE 2
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ACTE 1 / SCENE 3
Lucie de Modestie, Maître Jacques
Le Comte De la Bouche-En-Biais
MAÎTRE JACQUES, entre
Bonjour Mademoiselle Lucie de Modestie !
LE COMTE, s'adresse à Lucie
Voici Maître Jacques, ma bien-aimée !
LUCIE
Enchantée !
MAÎTRE JACQUES, lui fait le baisemain
Vous êtes le portrait craché de votre père, mademoiselle.
LE COMTE
Abrégez, Maître Jacques, abrégez !
MAÎTRE JACQUES
Eh bien, voici, Mademoiselle Lucie de Modestie, une attestation solennelle écrite des mains par votre futur conjoint :
(Il lit à haute voix)
« Moi , Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-en-Biais, Comte de Maison-du-Bois Doré, déclare sur l'honneur, m'engager durant la période des fiançailles me liant avec Mademoiselle Lucie de Modestie, et ce, jusqu'à la date de nos noces, mais aussi, jusqu'à ce que mort s'en suive, à m'efforcer d'être un bon compagnon pour elle… de l'honorer comme il se doit, de lui promettre fidélité et assistance jusqu'à la fin de ses jours , et d'être présent à ses coté, jour après jour. Dans le cas contraire, s'il s'avérait que je ne puisse remplir, pour une raison quelconque cet engagement, je me verrais alors condamné à une sanction portant sur mon patrimoine qui se verra amputer des biens suivants et de façon progressive. »
« Fait pour valoir ce que de droit », « Lu et Approuvé » et Signé : C.R.C.H.R.C.B de la Bouche-en-Bié, Comte de Maison-Du-Bois Doré .
LE COMTE
N'est-ce pas une belle preuve d'amour, ma belle hirondelle ?
LUCIE
Il doit sans doute y avoir un prix à payer pour cela ?
LE COMTE
Que voulez-vous, dans la vie, tout se mérite ! Je suis certain que votre père m'approuverait. Moi, voyez-vous, j'aime les plats épicés !
FIN DE LA SCENE 3
ACTE 1 / SCENE 4
Lucie de Modestie, Maître Jacques
Le Comte De la Bouche-En-Biais
LUCIE
Je m'en serai douté.
LE COMTE
Comme disait Rodrigue dans le « Cid » de Corneille : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! »
MAÎTRE JACQUES
Puis-je poursuivre, monsieur le Comte ?
LE COMTE
Si nous passions à l'inventaire des lots qui vous sont proposés, ma Lucie adorée ? ! Quand dites-vous ?
LUCIE
De quoi s'agit-il ?
LE COMTE
Je vais enterrer ma vie de garçon rien que pour vous, ma belle hirondelle ! La parole est à Maître Jacques !
MAÎTRE JACQUES
Voici un Acte de Pénalités que j'ai rédigé moi-même, Mademoiselle Lucie, dans lequel se trouve la liste des biens patrimoniaux de Monsieur le Comte ; ceux-ci vous seront légués suivant les accords précédemment cités.
LE COMTE
Me permettez-vous de les énoncer moi-même, Maître ?
MAÎTRE JACQUES
Je regrette infiniment, monsieur le Comte, mais je suis le seul habilité par la loi à le faire.
LE COMTE
Ne suis-je pas un peu comme la loi ? Et puis, d'abord, il S'agit là de mon patrimoine.
Le comte lui prend l'acte des mains et le lit à haute voix
FIN DE LA SCENE 4
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ACTE 1 / SCENE 5
Lucie de Modestie, Maître Jacques
Le Comte De la Bouche-En-Biais
LE COMTE
« Conformément aux accords précités, moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, par la présente, m'engage sur l'honneur et de façon irrévocable à dédommager ma fiancée par un transfert de propriété immédiat des biens suivants… (Puis à voix haute)-Passé un délai de 3 jours, moi, Christophe-Rodolphe-Charles-Henri-RenéChristîan-Bernard de la Bouche en Biais, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie de Modestie, ma Chevrolet rose bonbon…
LE COMTE, toujours
Passé un délai de 4 jours, moi, Christophe-Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, m'engage à léguer à ma fiancée, mon Yacht « La belle hirondelle » , stationné actuellement sur le port de St Tropez...
-Passé un délai de 5 jours, moi, Christophe Rodolphe Charles Henrî René Christian Bernard de la Bouche en Biais, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie, mon Duplex à Palavas les flots avec vue sur la mer...
Lucie s'évanouit à ce moment là
MAÎTRE JACQUES
Monsieur le Comte !
LE COMTE
Je vous en prie, Maître, ne m'interrompez pas ; j'ai encore 26 lots à citer, n’est-ce pas ?
(Il poursuit)
-Passé un délai de 6 jours, moi, Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche en Biais, m'engage à léguer à Mademoiselle Lucie, ma commode dite Mazarine faite d'écaille et de cuivre, datant du XVIIième siècle...
MAÎTRE JACQUES
Il s'agit de votre fiancée, monsieur Le Comte, qui...
LE COMTE
Quelque chose vous déplaît-il, ma belle hirondelle ? Nom d'une pipe, elle a eu une syncope ! Vite, Maître Jacques transportons-là au château !
Tous deux quittent les lieux, en transportant Lucie avec eux
Fin de la scène 5
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ACTE 1 / SCENE 6
Monsieur Gérard / Grand'Claude / Mamouzelle / Augustin
Quelques temps plus tard... Toujours à l'Auberge de la Licorne...
MONSIEUR GERARD, fait son entrée, canne en main, suivi de Grand'Claude
Nous voici arrivé à l'Auberge de la Licorne, jeune homme ; c'est ici que vous trouverez le gîte et le couvert.
GRAND’CLAUDE
Cet endroit est bien silencieux. (Il aperçoit la cheminée) Quelle magnifique cheminée ! Dis donc, on ne se refuse rien ici !
MONSIEUR GERARD
Le couple qui l'habite apprécie tout particulièrement le calme et la sérénité. C'est bien pour ces raisons qu'ils ont choisi de se tenir à l'écart du village de Maison-Du-Bois Doré.
GRAND’CLAUDE
Ca m'a tout l'air d'être des Marginaux.
MONSIEUR GERARD
Augustin, certainement ! C'est un homme qui aime, par ailleurs : «Prendre le temps de vivre, de penser et d'aimer la vie ! » C'est sa plus belle devise, m'a-t-on dit dans le voisinage ! Quand à Mamouzelle, sa femme, je dirais que c'est une personne plutôt discrète qui déteste par dessus tout être dérangé. En somme, malgré leur sympathie respective, ils sont très réticents à l'égard du stress et de la consommation matérielle des grandes cités. Cependant, ils avouent être libres sexuellement.
GRAND’CLAUDE, se place derrière le bar)-Tout ce qu'il y a de plus normal pour un couple moderne ! (Il propose un verre de vin à monsieur Gérard) Je vous sers un petit rouge, monsieur Gérard ?
MONSIEUR GERARD
Non merci ! Je ne bois pas d'alcool. Et puis, je dois y aller, jeune homme, ma femme m'attend à la vigne. Elle va s'inquiéter.
GRAND’CLAUDE
Vous partez déjà !
MONSIEUR GERARD
C'est à dire que ma femme et moi avons beaucoup de travail sur la planche, ce matin.
GRAND’CLAUDE
Ce vin est onctueux au Palais !
MONSIEUR GERARD
Le "Champinelle" provient de la Propriété Viticole de monsieur le Comte de la Bouche-en-Biais.
GRAND’CLAUDE
Vous ne voulez vraiment pas y goutter ?
MONSIEUR GERARD
Servez-moi plutôt une Limonade. (Il pose sa canne contre le bar)
GRAND’CLAUDE
Je n'ai pas pensé à vous demander si l'on pouvait se servir soi-même ?
MONSIEUR GERARD
A votre place, je ne me permettrais pas.
GRAND’CLAUDE
Vous avez pourtant laissé entendre que les gens de l'auberge étaient très sympathiques.
MONSIEUR GERARD
C'est en tous les cas l'apparence qu'ils donnent.
GRAND’CLAUDE
Des gens sympathiques ne verraient aucun inconvénient à ce que je me serve soi-même ! (Ils se resserrent un verre)
MONSIEUR GERARD
Vous n'aurez qu'à leur dire que votre voyage fut long, et que vous n'avez pas eu le temps de boire un seul verre.
GRAND’CLAUDE
Je regrette, mon petit vieux, mais il n'y a plus de Limonade ! Je vous propose un verre de « Champinelle » à la place ?
MONSIEUR GERARD
N'insistez pas, jeune homme.
GRAND’CLAUDE
Appellez-moi Grand'Claude", Monsieur Gérard !
MONSIEUR GERARD
Il n'y a vraiment plus de Limonade ?
GRAND’CLAUDE
Il est très bon ce « Champinelle » !
MONSIEUR GERARD
Je dois y aller ; ma femme m'attend à la vigne.
GRAND’CLAUDE
Ca ne vous dit vraiment pas un petit verre pour bien démarrer la journée ?
MONSIEUR GERARD
Vous avez bien regardé dans le casier
d'en bas ?
GRAND’CLAUDE
Votre pinard régional ne vaut vraiment pas notre rhum des Antilles.
MONSIEUR GERARD
En parlant de rhum, cela me fait penser à un ami qui se trouvait dans le même régiment que moi durant la grande guerre; il venait de votre pays, je crois bien !? Une nuit que j'étais de garde...
MONSIEUR GERARD, poursuit
C'était en Allemagne si ma mémoire est bonne. Mon ami était en permission, cette nuit-là…
MAMOUZELLE, sort de la chambre, suivie d'Augustin
Je n'ai pas le temps de t'écouter, j'ai la vaisselle à faire.
AUGUSTIN
Deux minutes.
Mamouzelle et Augustin deux disparaissent dans la cuisine
FIN DE LA SCENE 6
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ACTE 1 / SCENE 7
Monsieur Gérard / Grand'Claude / Mamouzelle / Augustin
MONSIEUR GERARD
Et comme je disais donc... j'étais de garde en Allemagne cette nuit-là... C'était durant le débarquement des alliers... Ça se passait à la caserne ; j’étais en permission...
MAMOUZELLE, sort de la cuisine
Qui t'a raccompagné, cette nuit ?
AUGUSTIN
Je te l'ai déjà dit, c'est Patrick !
MAMOUZELLE
Je le connais, celui-là ?
AUGUSTIN
Tu sais bien… il m'avait déjà raccompagné l’autre nuit !
Mamouzelle et Augustin disparaissent aussitôt dans le jardin
MONSIEUR GERARD
Cet ami, donc, qui vient du même pays que vous, jeune homme, était en permission ce soir-là. De mon coté, j'étais de garde à la caserne. A cette époque, nous faisions un roulement. Tantôt, c'était lui qui était de garde, tantôt c'était moi. Ce soir-là, ce fut moi.
Mamouzelle surgit du jardin, suivie d'Augustin
AUGUSTIN
Ah ! Si tu l'avais vu cette moto... un bijou de première !
Mamouzelle et Augusrentrent dans la chambre
MONSIEUR GERARD
Et donc, cet ami qui vient du même pays que vous, qui n'était pas de garde cette nuit-là... Voila très longtemps déjà ! Je m'en souviens comme si c'était hier car, je fréquentais à la même époque une jolie bergère… Je signale au passage que celle-ci allait m'écrivit pendant les huit années qui suivirent la fin de la guerre...
MAMOUZELLE, sort de la chambre et va à la cuisine, suivie d'Augustin
Voilà que mon mari s'intéresse aux motos, maintenant ! (Ils sortent)
AUGUSTIN
C'est une passion de jeunesse qui restait enfouie en moi.
MONSIEUR GERARD
Et comment que je m'en souviens de cette beauté ! Je la revois devant moi, toujours aussi sensuelle. Elle voulait que je l'épouse, mais c'était trop tard car j'étais déjà marié à ma femme la « Petite Finette ».
MAMOUZELLE, sort de la cuisine
Voilà que mon mari veut faire de la moto, à présent ! Je crois bien qu'il déraille ? !
AUGUSTIN
Elle peut nous être utile, ma chérie ; tu sais... nous sommes tellement retirés du monde… alors, vois-tu…
MAMOUZELLE
Et combien qu'elle coûte cette moto ?
AUGUSTIN
Patrick est prêt à m'en faire un prix d'ami. Il m'a même proposé de la payer en trois mensualités. C'est dire de sa bonne fois !
MONSIEUR GERARD
On s'est fréquenté pendant toute la durée de la guerre. Elle s'appelait... comment s'appelait-elle déjà ?
FIN DE LA SCENE 7
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ACTE 1 / SCENE 8
Monsieur Gérard / Grand'Claude /
Mamouzelle / Augustin
MAMOUZELLE, fait son retour du jardin, suivie d'Augustin
Avec quel argent comptes-tu l'acheter ? Nous ne sommes pas très riche. (Mamouzelle et Augustin rentrent dans la cuisine, puis en ressortent aussitôt) Pas question de toucher aux économies destinées au bébé ! C'est le seul argent que j'ai pu mettre de coté.
AUGUSTIN
Ce n’est pas ce que j’ai laissé entendre.
MAMOUZELLE
Non, mais tu y pensais.
AUGUSTIN
Pas du tout !
MAMOUZELLE
Et mon oeil ?
AUGUSTIN
D'ici à l'accouchement je t'aurai déjà remboursé !
MAMOUZELLE
Pas question ! Cet argent est destiné à notre enfant.
AUGUSTIN
Voyons, ma chérie, sois compréhensive !
MAMOUZELLE
Tu n'as que ce mot à la bouche depuis quelques mois.
AUGUSTIN
Tu ne t’imagines pas tout ce que l'on pourrait faire avec une moto ; elle pourrait nous dépanner pour aller faire les courses au Super Marché, par exemple ! ?
MAMOUZELLE
Elle te servirait surtout à prendre la fuite !
AUGUSTIN
Quelle mauvaise foi !
MAMOUZELLE
Déjà que tu passes pratiquement toutes tes nuits en virée, je ne sais où, depuis plusieurs mois ...
AUGUSTIN
Tais-toi donc ! Il y a des gens qui nous écoutent.
MAMOUZELLE
Eh bien, tant mieux ! Il est grand temps que tout le monde sache que mon cher mari délaisse sa bonne femme pour aller en virée, je ne sais où, en compagnie d'autres poivrots de son espèce !
AUGUSTIN
Je t'en prie, pas si fort !
MAMOUZELLE
Mon poivrot de mari a décidé de s'acheter une moto, Messieurs, afin de partir en virée toujours plus loin ! Mon mari fuit ses responsabilités conjugales, messieurs !
AUGUSTIN
Au lieu de raconter des sottises, tu ferais bien de leur servir à boire !
MAMOUZELLE
Monsieur Augustin abandonne sa femme enceinte toutes les nuits, messieurs, pour aller se saouler !
AUGUSTIN
Je vais la tuer ! Je vais la tuer !
MAMOUZELLE
Comme vous pouvez en témoigner, messieurs, je suis enceinte de sept mois. Mon cher mari va tenté de me tuer dans quelques instants.
Augustin entraîne Mamouzelle par le bras dans la chambre. Peu après, on entend Mamouzelle crier
MAMOUZELLE
Comme vous pouvez l'entendre, messieurs, Augustin frappe sa femme ! Ce n'est pas la peine que je vous fasse un dessin !
AUGUSTIN
Veux-tu te taire une fois pour toute !
MAMOUZELLE
Augustin me prend par le cou, à présent, et va tenter de m'égorger ! Aïe ! Aïe ! Maintenant, il me traîne par les cheveux jusqu'à mon lit ! Voilà qu’ il me gifle ! Aï ! Aïe ! Aïe !
Un long silence va régner ensuite
FIN DE LA SCENE 8
FIN DE L’ACTE 1
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EPILOGUE
Grand 'Claude / Monsieur Gérard / Mamouzelle.
GRAND’CLAUDE
En effet ! vos amis ont l'air très sympathiques, monsieur Gérard. Ils font toujours autant d'animation en public ?
MONSIEUR GERARD
Je ne puis vous répondre par l'affirmative, pour la bonne et simple raison que je ne fréquente que trop rarement ce type d'établissement.
GRAND’CLAUDE
Je ferais mieux d'aller chercher le gîte et le couvert ailleurs.
MONSIEUR GERARD
Sachez, monsieur Claude, que dans la vie tout finit par s'arranger, même mal !
GRAND’CLAUDE
Autrement dit ?
MONSIEUR GERARD
L'orage finira bien par se dissiper.
MAMOUZELLE, sort de la chambre
C'est cela, vas te coucher, çà me fera des vacances ! (Puis elle s'adresse à nos deux convives) Messieurs, bonjour ! Veuillez m'excuser pour le désordre ! De temps à autre, il faut savoir poser les poings sur la table.
MONSIEUR GERARD
Ma femme vous aurait certainement donné raison.
MAMOUZELLE
A propos, comment va t’elle ? Je parie qu'elle est au travail à cette heure-ci !
MONSIEUR GERARD
Elle a voulu faire cavalier seul ce matin, le temps pour moi d'accompagner jusqu'ici monsieur Claude qui est arrivé ce matin de Martinique.
MAMOUZELLE, s'adresse au Grand 'Claude
Je suis Mamouzelle, la tenancière de l'Auberge de la Licorne.
GRAND’CLAUDE
Et moi, c'est Grand 'Claude pour les intimes !
MAMOUZELLE
Je me demande ce que vous venez faire dans ce trou perdu ?
GRAND’CLAUDE
Je suis venu déguster votre Champinelle Régional !
MAMOUZELLE
Je vois que vous n'avez pas perdu votre temps.
MONSIEUR GERARD
Monsieur Claude est venu rendre visite à monsieur Roberto, or, ce dernier est en voyage en ce moment.
MAMOUZELLE
En attendant son retour, et si toutefois il revient, je présume que monsieur Claude souhaiterait se loger à l'Auberge.
MONSIEUR GERARD
Ce jeune homme semblait très fatigué, alors je lui ai proposé de l'accompagner jusqu'ici ...
GRAND’CLAUDE
C'est à dire que j'ai passé vingt-quatre heures dans un avion...
MAMOUZELLE
Combien de temps pensez-vous rester dans notre région ?
GRAND’CLAUDE
Deux jours, seulement.
MAMOUZELLE
Dans ce cas, soyez le bienvenu !
GRAND’CLAUDE
Je vous aiderai à faire la vaisselle et autres corvées, si cela est nécessaire.
MONSIEUR GERARD
Voilà un homme serviable, Mamouzelle !
MAMOUZELLE
En effet !
MONSIEUR GERARD
Quant à moi, je vous salue bien bas, les tourtereaux ! Je vais retrouver ma femme qui doit certainement s'impatienter à l'heure qu'il est.
MAMOUZELLE
Ces jours-ci, en quoi consiste votre travail dans la vigne, monsieur Gérard ?
MONSIEUR GERARD
Cet été, nous abordons la dernière phase de travail avant la récolte des vendanges ; celle-ci consiste à soufrer et à sulfater la vigne afin d'éviter les maladies et d'écarter les insectes indésirables.
MAMOUZELLE, le prend par le bras et l'entraîne vers la sortie
Dans ce cas, dépêchez-vous, il ne faut pas faire attendre votre femme. (Monsieur Gérard sort) Maintenant, suivez-moi, Grand 'Claude, je vais vous indiquer votre chambre.
FIN DE L’EPILOGUE
FIN DU 19-ième épisode
Affaire à suivre dans le 20-ième épisode intitulé : « EMBROUILLE A L’AUBERGE »
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